VALENTINE : UNE PETITE BASTIDE ROYALE EN COMMINGES
Le phénomène des bastides - villes neuves fondées par une ou plusieurs autorités dominantes - est un des aspects originaux de l'évolution du
Sud-Ouest de la France à l'apogée du Moyen Age (XIIIe siècle - 1ère moitié du XIVe siècle.)
Bien que modeste, la bastide de Valentine en est une intéressante illustration.
La date de la création (entre 1284 et 1286), par un contrat de "paréage"
ou d'association entre le roi de France et un petit seigneur local,
Guilhelm Hunau ( ou Unald )
n'est pas exactement connue car la charte de fondation n'a pas été conservée .
En Janvier 1287, Philippe le Bel octroyait aux habitants une charte de franchises,
une "Coutume", qui sera appliquée jusqu'en 1789.
Les motifs de la fondation de Valentine semblent assez clairs: complétant celle de Montréjeau (1272), elle permettait aux Officiers du roi de renforcer leur autorité sur
la plaine de Rivière et de contrecarrer le développement, rapide à l'époque, de Saint-Gaudens.
Sur ce point, l'initiative royale fut un échec presque total.
D'importants mobiles économiques ont également joué.
La bastide était dotée d'un Consulat.
(Les documents du XVIIe siècle attestent l'existence de
4 consuls, établis chaque année le 27 décembre, fête de saint Jean Apôtre. Mais on ignore la situation exacte au Moyen Age).
Les consuls avaient un rôle administratif et judiciaire en liaison avec les agents du roi.
Mais leur fonction était essentiellement économique : surveillance du moulin seigneurial et du port sur la Garonne,
contrôle du péage du pont permettant le franchissement de la rivière, perception des taxes et des droits levés sur les produits amenés dans la bastide.
Les consuls assuraient l'organisation et la police du marché hebdomadaire du samedi et des deux foires annuelles instituées par la charte de franchise à la
Saint Jean-Baptiste, patron de la bastide, et à la Saint Martin.
vue aerienne de la Bastide
Il ne reste pratiquement rien de la bastide médiévale.
Seul son plan mérite de retenir l'attention, malgré des dégradations irrémédiables.
Le centre, trés modeste, est caractérisé par un tracé orthogonal très régulier.
Des axes longitudinaux (rue de la Bielle, du Milieu, Camors)
et transversaux ( rues des Fleurs et de l'Eglise) perpendiculaires délimitent des ilots rectangulaires, traversés par un passage très étroit et subdivisés en lots trés
uniformes (environ 6 mètres de façade sur 15 de profondeur).
L'église, sur l'emplacement de l'édifice actuel, était située au sud-est de cette implantation initiale.
Les plans anciens indiquent la présence d'une petite halle en face de l'église. Mais il est difficile de déterminer si cette disposition date des origines de la bastide.
Au sud-ouest, se développait une très vaste place, le "Bourdalès", coeur économique de la petite bastide.
Ce plan correspondant à une structure "ouverte", a été en partie dénaturé dés la fin du Moyen Age par la construction d'une enceinte à peu près circulaire,
dont ne subsiste aujourd'hui encore que des vestiges mais qui survit encore dans la toponymie (les "Muraillettes", la "Barbacane").
vieille maison au coeur de la Bastide
Le nom de la bastide a suscité de multiples conjectures. La tradition orale le rattachait à un des empereurs romains du nom de Valentinien.
Mais cette thèse est insoutenable, car il n'existe pas de lien direct entre l'implantation gallo-romaine d'Arnesp et la bastide.
Aujourd'hui on admet que la fondation a été ainsi baptisée pour célébrer le rattachement de la principauté de Valentinois au royaume de France.
A moins qu'il ne s'agisse de "la petite Valence", en l'honneur de la ville espagnole, dont la "Reconquête", entreprise depuis plusieurs années, s'achève en 1288.
Pour aller plus loin : LAURET (A.), MALLEBRANCHE (R.), SERAPHIN (G.). Bastides, villes nouvelles du Moyen Age. Toulouse, Ed.Milan, 2ème ed., 1992.
valentine.archeo@free.fr
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