L'EPITAPHE DE NYMFIUS
Encastrée dans un mur de l'église paroissiale de Valentine, au moins depuis le XVIIIesiècle, elle a été vendue, en 1835,
par la Municipalité à la Société archéologique du Midi, pour la somme de 120 francs-or.
Longtemps conservée au Musée des Augustins, dans des conditions de présentation assez médiocres, elle a trouvé récemment au Musée Saint-Raymond
une place digne de sa qualité.
(Photo. J.Gloriès, avec l'autorisation du Musée Saint-Raymond).
Un moulage est déposé au dépôt de fouilles de Valentine.
L'inscription, 24 vers de trés bonne facture, est disposée sur deux colonnes. Une croix est gravée à chaque angle de la plaque, une plus grande au centre.
Mais ces croix sont incontestablement postérieures à l'inscription.
G.Fouet estimait que l'épitaphe, placée dans le mausolée de Nymfius, datait de l'extrême fin du IVe siècle.
Elle aurait ultérieurement servi de table d'autel. C'est alors qu'auraient été tracées les croix.
Ces quelques remarques permettent de comprendre l'ampleur du débat qui s'est développé à propos de l'épitaphe de Nymfius.
Ce débat tourne autour de deux problèmes.
Nymfius n'étant connu que par cette inscription, on s'interroge sur sa position exacte.
Si l'on admet, généralement, qu'il était le propriétaire de la Villa de Valentine, on hésite à le situer précisément.
Si l'on s'accorde à voir en lui un notable important, qu'elle était sa fonction politique et administrative?
On a fait de lui un gouverneur de province , le remplaçant occasionnel du gouverneur ou un simple chef de sa cité...
Pour Monsieur J.M.Pailler, il serait "le premier des "principales" de Lugdunum-Convenae".
Mais certains ont voulu voir en lui le "Defensor civitatis" _ le "défenseur de la Cité" _ ou même son évêque.
Cette hypothèse insoutenable pose le problème majeur de l'inscription. Nymfius et sa femme, Serena, étaient-ils chrétiens?
Où en était le développement du christianisme à cette époque dans la région?
De ce débat, ouvert depuis le XIXesiècle, on peut retenir quelques axes de réflexion, bien développés par J.M.Pailler.
Dans ce texte, "ne sont nommés ni Dieu ni le Christ - pas plus d'ailleurs que les dieux païens- et n'apparait aucune mention biblique, ni liturgique, ni ecclésiale."
La tonalité mystique du texte est fréquente dans des inscriptions semblables de l'époque.
Nymfius et les siens seraient des mystiques païens, voire "des crypto-chrétiens". A moins d'admettre que seule, Serena, qui a fait établir l'épitaphe de son mari, était chrétienne et que
ses convictions personnelles transparaissent dans l'inscription.
En conclusion, on peut retenir la remarque prudente de Monsieur J.M.Pailler :
"Seule une meilleure connaissance du contexte régional et de la chronologie mettrait à même de résoudre ce problème."