LE QUARTIER RELIGIEUX D'ARNESP.
Situé au sud de la voie romaine, le quartier religieux d'Arnesp est le secteur le plus complexe et le plus controversé du site.
I) L'interprétation ancienne de Georges FOUET
Georges FOUET identifiait dans ce secteur toute une série de monuments à caractère religieux ou funéraire, se succédant du IV
e au XII
e siècle.
vue aérienne du prieuré d'Arnesp
© Eric Soulé de Lafont
( avec l'autorisation de l'auteur. )
PLAN I: l''interprétation de Georges FOUET
Temple romain (selon G.FOUET)
- Contemporain de la Villa, un grand bâtiment à cour centrale (34,45 mètres sur 29,70 mètres) serait un temple romain dédié à Jupiter.
Georges Fouet basait cette hypothèse sur la découverte dans ce secteur du site de plusieurs autels votifs dédiés à Jupiter.
Autel votif dédié à Jupiter
© C2RA Musée archéologique
Saint-Bertrand-de-Comminges
photo. Kitterie Schenck-David.
Le musée de Saint-Bertrand-de-Comminges conserve un autel votif , dédié à Jupiter très bon et très grand.
Découvert à Valentine en 1905, cet autel est entré dans les collections de Saint-Bertrand en 1931.
Il s'agit d'un autel de marbre blanc, de 81 cm de haut, qui présente une belle inscription:
I.O.M. / TITULLUS / CINTUGNATI / F.EDUNXE MAT / ER. V.S.L.M.
"A Jupiter, très bon et très grand,Titullus, fils de Cintugnatus, et sa mère Edunxe, en gage de reconnaissance, en accomplissement d'un voeu".
Sur son flanc gauche, figure la représentation d'un vase à libation ; sur le flanc droit, une patère à offrande.
Mausolée de Nymfius (selon G.FOUET)
- Dans la bordure sud-est du temple, G.FOUET avait mis à jour un petit monument carré de la fin du IV
e siècle, qu'il identifiait comme étant le mausolée de Nymfius,
le propriétaire probable de la Villa (Voir "épitaphe de Nymfius").
Ce mausolée par adjonction d'une petite abside rectangulaire, devint à la fin du IV
e siècle une petite église paléochrétienne,
une des plus anciennes de la région.
- Tous ces monuments, entourés dés l'époque romaine d'une nécropole, ont été ravagés lors des révoltes et des invasions du début du V
e siècle.
Mais un cimetière paléochrétien puis wisigothique s'est maintenu sur leur emplacement.
C'est un des aspects les plus remarquables de la pérennité du site, puisque ce cimetière sera utilisé, pratiquement sans discontinuité, jusqu'au XIIIè siècle.
- Au VI
e (ou VII
e) siècle, fut construit, à une quinzaine de mètres de l'église paléochrétienne, une autre petite église, agrandie à l'époque carolingienne,
pour assurer le service du cimetière.
Chapelle romane d'Arnesp Est-Ouest
- Au X
e siècle, fut édifié, au sud de tous les éléments anciens, une église préromane, à chevet carré, ornée de mosaïques.
Cette église fut finalement englobée dans une grande chapelle romane à abside semi-circulaire.
La nef, de 30 mètres de long sur 10 mètres de large, se terminait à l'ouest par un clocher-mur.
Dédiée à la Vierge, elle jouxtait les autres constructions- en particulier, une sacristie édifiée au XII
e siècle - d'un prieuré bénédictin, le prieuré d'Arnesp.
Elle servait, sans doute, d'église paroissiale aux habitants des alentours, jusqu'à la construction de la bastide de Valentine.
Sacristie du XIIe siécle (selon G.FOUET)
II) L'interprétation actuelle
Certaines des interprétations de G.FOUET ont été discutées très tôt.
Des fouilles de confirmation, ont été conduites en 2002 sous la direction de Mme Marie-Geneviève COLIN, de la D.R.A.C. Midi-Pyrénées.
Madame Colin, tout en soulignant les mérites de Georges Fouet - "l'intérêt incontestable des découvertes effectuées par G.Fouet est bien connu de
la communauté scientifique" - conclut que les techniques actuelles de datation permettent d'avancer de nouvelles pistes de recherche qui remettent
partiellement en cause les identifications du grand archéologue commingeois.
Ce débat est révélateur des grands progrès - en particulier en ce qui concerne la chronologie et la stratigraphie du site - réalisés depuis une trentaine d'années.
vue aérienne du prieuré d'Arnesp
© Eric Soulé de Lafont
( avec l'autorisation de l'auteur. )
PLAN II: l'interprétation de Madame Colin
- Le grand bâtiment à cour carrée est bien contemporain de la Villa (IV
e siècle). Mais ce n'est probablement pas un temple, car les Romains n'inhumaient pas dans
ce genre d'environnement.
Mme Colin propose d'y voir le mausolée de Nymfius.
- Le petit bâtiment, bouleversé par des inhumations tardives, n'est pas une église mérovingienne.
C'est une petite installation agricole d'époque incertaine et sans réel intérêt.
Chapelle romane Ouest-Est
- Sous l'église romane du XII
e siècle, se trouvait une grande église à choeur carré flanqué de deux absides également carrées.
Les trois éléments repérés par G.FOUET - mausolée de Nymfius, de la fin du IV
e siècle ; choeur carré du X
e siècle; sacristie du XII
e siècle -
sont en fait contemporains et de même facture.
Madame Colin date cette église de la fin VII
e siècle ou du début VIII
e siècle et la rapproche des églises de l'Espagne wisigothique construites
à la même époque sur le versant sud des Pyrénées.
Pour aller plus loin : COLIN (Marie-Geneviève). "Christianisation et peuplement des campagnes entre Garonne et Pyrénées. IVe-Xesiècles." Archéologie du Midi Médiéval. Supplément n°5. C.A.M.I. ; Carcasonne ; 2008.
